Victoryne Moqkeuz, mon anagramme

Caroline Bordczyk, mon pseudo d'auteure

11 août 2020

POURQUOI CI POURQUOI CA

Classé dans : Le coin du coin coin ou le con-fi de la canarde — eructeuse @ 8 h 51 min

La dictature du prolétariat c’est caca et terrible, vous vous rendez compte (à l’époque de cette idée folle) une majorité aurait pu décider contre une minorité : l’horreur suprême !

la dictature des élites c’est pas caca même si c’est une minorité qui dicte ses lois à une majorité (consentante via un joli tour de passepasse dit démocratique !)

Tiens mais ça me rappelle quelque chose, et ça parlerait de privilèges abolis !

Dîtes-moi tout ils ont bien été abolis ?

Toujours la critique baveuse cette politicienne de pacotille…

Qu’est-donc que la critique hic ?

La sociologie pour Bourdieu doit nécessairement se définir comme critique, c’est-à-dire comme une lutte sans cesse recommencée contre l’illusion naturaliste qui se décline dans autant d’illusio spécifiques aux différentes régions du monde social (les genres, l’économie, l’éducation, etc.) Pour Marx la critique est une médiation stratégique entre travail théorique et lutte politique…

Voyons ce qu’en dit un philosophe tiré de Défis Libertaires :

Conférence prononcée par Michel Foucault le 27 mai 1978, devant la Société Française de Philosophie, et intitulée

« Qu’est-ce que la critique ? Critique et Aufklärung »,

publication Bulletin de la société française de philosophie, 84ème année, n°2, Avril-Juin 1990.

http://www.scribd.com/doc/56577710/Foucault-Qu-est-Ce-Que-La-Critique

Extrait sur le site de la Revue Vacarme : « n’être pas tellement gouvernés » fragment / manifeste

http://www.vacarme.org/article1388.html


Le fragment reproduit ci-contre est extrait d’une conférence prononcée par Michel Foucault le 27 mai 1978, devant la Société Française de Philosophie, et intitulée « Qu’est-ce que la critique ? Critique et Aufklärung ». Publié dix ans plus tard dans le bulletin de cette société savante, le texte de cette conférence n’a pas été retenu dans les Dits et écrits. Omission énigmatique (le texte est d’ailleurs largement disponible en traduction [1]) et regrettable, à deux titres au moins.

D’abord, cette conférence a, dans l’oeuvre de Foucault, quelque chose d’un chaînon manquant. D’un côté, elle introduit déjà, pour définir l’Aufklärung, la lecture d’un opuscule de Kant auquel Foucault consacrera quelques années plus tard plusieurs cours fameux [2], y donnant sa vision dernière de l’activité philosophique. Signe que la préoccupation pour les Lumières, comme événement historique et comme posture éthique, fut chez lui, plutôt qu’un repentir tardif, une inquiétude ancienne. Mais en même temps, dans la conférence de 1978, cette inquiétude se noue à des motifs et des préoccupations directement politiques : Foucault propose en effet de réinscrire l’attitude critique dans une histoire de la gouvernementalité, étayée sur un examen de la pastorale chrétienne et de ses incidences sur les pratiques politiques occidentales, suivant la perspective propre à ses travaux de la fin des années 1970.

Ainsi « l’attitude critique » (Foucault parlera plus tard d’ethos) fait-elle ici l’objet d’une lecture à double foyer : effet et manifestation de la rupture moderne, que le philosophe vient assumer et reconduire en première personne, elle vient tout autant doubler, dans une histoire de longue durée, la lente mise en place des arts de diriger les hommes, arts dont s’entretissent les sociétés européennes. Au confluent de ces deux lignes, Foucault ne propose pas de définition en forme de la critique : il la caractérise par touches, l’approche par esquisses, emprunte moins au registre du concept qu’à celui, poétique, du blason. Blason où se laissent lire, dans des formules splendides d’ambiguïté, son peu de foi dans les grandes ruptures et son penchant pour « l’inservitude volontaire », pour « l’indocilité réfléchie ».

Dans l’attente et l’espoir que les éditeurs de Foucault en proposent un jour l’édition intégrale, nous prélevons sur ce texte majeur les quelques lignes qui suivent. Disons que nous reconnaissons, dans l’histoire ici ébauchée des réticences collectives, l’indication de nos tâches à venir.


« Pour faire l’histoire de cette attitude critique, il y a bien des chemins. Je voudrais simplement vous suggérer celui-ci qui est un chemin possible, encore une fois, parmi bien d’autres. Je proposerai la variation suivante : la pastorale chrétienne, ou l’église chrétienne en tant qu’elle déployait une activité précisément et spécifiquement pastorale, a développé cette idée – singulière, je crois, et étrangère tout à fait à la culture antique – que chaque individu, quels que soient son âge, son statut, et ceci d’un bout à l’autre de sa vie et jusque dans le détail de ses actions, devait être gouverné et devait se laisser gouverner, c’est-à-dire diriger vers son salut, par quelqu’un auquel le lie un rapport global et en même temps méticuleux, détaillé, d’obéissance. Et cette opération de direction vers le salut dans un rapport d’obéissance à quelqu’un doit se faire dans un triple rapport à la vérité : vérité entendue comme dogme ; vérité aussi dans la mesure où cette direction implique un certain mode de connaissance particulière et individualisante des individus ; et enfin dans la mesure où cette direction se déploie comme une technique réfléchie comportant des règles générales, des connaissances particulières, des préceptes, des méthodes d’examen, d’aveu, d’entretien, etc. Après tout, il ne faut pas oublier que ce que, pendant des siècles, on a appelé dans l’église grecque technè technôn et dans l’église romaine latine ars artium, c’était précisément la direction de conscience ; c’était l’art de gouverner les hommes. Cet art de gouverner, bien sûr, est resté longtemps lié à des pratiques relativement limitées, même dans la société médiévale, lié à l’existence conventuelle, lié et pratiqué surtout dans des groupes spirituels relativement restreints. Mais je crois qu’à partir du XVème siècle et dès avant la Réforme, on peut dire qu’il y a eu une véritable explosion de l’art de gouverner les hommes, explosion entendue en deux sens. Déplacement, d’abord, par rapport à son foyer religieux, disons si vous voulez laïcisation, expansion dans la société civile de ce thème de l’art de gouverner les hommes et des méthodes pour le faire. Et puis, deuxièmement, démultiplication de cet art de gouverner dans des domaines variés : comment gouverner les enfants, comment gouverner les pauvres et les mendiants, comment gouverner une famille, une maison, comment gouverner les armées, comment gouverner les différents groupes, les cités, les États, comment gouverner son propre corps, comment gouverner son propre esprit. Comment gouverner, je crois que cela a été une des questions fondamentales de ce qui s’est passé au XVème et au XVIème siècles. Question fondamentale à laquelle a répondu la multiplication de tous les arts de gouverner – art pédagogique, art politique, art économique, si vous voulez – et de toutes les institutions de gouvernement, au sens large qu’avait le mot de gouvernement à cette époque.

Or de cette gouvernementalisation, qui me paraît assez caractéristique de ces sociétés de l’Occident européen au XVIème siècle, ne peut pas être dissociée, me semble-t-il, la question du « comment ne pas être gouverné ? ». Je ne veux pas dire par là que, à la gouvernementalisation, se serait opposée dans une sorte de face à face l’affirmation contraire, « nous ne voulons pas être gouvernés, et nous ne voulons pas être gouvernés du tout ». Je veux dire que, dans cette grande inquiétude autour de la manière de gouverner et dans la recherche sur les manières de gouverner, on repère une perpétuelle question qui serait : « comment ne pas être gouverné comme cela, par cela, au nom de ces principes-ci, en vue de tels objectifs et par le moyen de tels procédés, pas comme ça, pas pour ça, pas par eux » ; et si on donne bien à ce mouvement de la gouvernementalisation, de la société et des individus, à la fois, l’insertion historique et l’ampleur que je crois avoir été la sienne, il semble qu’on pourrait placer de ce côté-là à peu près ce qu’on appellerait l’attitude critique. En face, et comme contrepartie, ou plutôt comme partenaire et adversaire à la fois des arts de gouverner, comme manière de s’en méfier, de les récuser, de les limiter, de leur trouver une juste mesure, de les transformer, de chercher à échapper à ces arts de gouverner ou, en tout cas, à les déplacer, au titre de réticence essentielle, mais aussi et par là même comme ligne de développement des arts de gouverner, il y aurait eu quelque chose qui serait né en Europe à ce moment-là, une sorte de forme culturelle générale, à la fois attitude morale et politique, manière de penser, etc., et que j’appellerais tout simplement l’art de n’être pas gouverné ou encore l’art de ne pas être gouverné comme ça et à ce prix. Et je proposerais donc, comme toute première définition de la critique, cette caractérisation générale : l’art de n’être pas tellement gouverné. »

Post-scriptum

« Qu’est-ce que la critique ? Critique et Aufklärung », Bulletin de la société française de philosophie, 84ème année, n°2, Avril-Juin 1990.
Notes

[1] Citons notamment deux traductions américaines : « What is critique ? » J. Schmidt, ed., What is Enlightenment ? Eighteenth-century answers and twentieth-century questions (Berkeley : Univ. of California Press, 1996), pp. 382-398. « What is critique ? » S. Lotringer, ed., Politics of truth (Semiotext(e), 1997), pp. 23-82.

[2] « What is enlightment ? » et « Qu’est-ce que les Lumières ? », textes n°339 et 351 des Dits et écrits.

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