Vaccination et auto-immunité : quel est le problème … P-H Lambert
Faut-il vacciner ou non un patient atteint d’une maladie auto-immune ?
L’élément déterminant ce choix est une estimation objective du risque lié à la vaccination par rapport au risque lié à une exposition à l’infection correspondante. On sait, par exemple que la grippe peut aggraver considérablement la situation existante dans plusieurs maladies auto-immunes. C’est particulièrement le cas dans les formes récidivantes de sclérose en plaques. Au contraire, l’administration de vaccins influenza n’a aucun effet exacerbant et cette vaccination est donc particulièrement indiquée chez ces patients. Les vaccins sous-unitaires, avec ou sans aluminium, sont habituellement parfaitement tolérés chez les malades atteints de maladies auto-immunes. Plusieurs études ont démontré l’absence d’exacerbation chez des patients atteints de lupus érythémateux systémique après vaccinations contre le tétanos, la grippe ou le pneumocoque.29-31 Il en est de même dans la polyarthrite rhumatoïde après vaccination contre la grippe,32-34 le pneumocoque31 ou l’hépatite B.35 Chez ces malades, ne pas vacciner peut être une erreur médicale s’ils peuvent retirer un bénéfice substantiel de la vaccination envisagée. La prudence est cependant la règle lorsque l’on utilise des vaccins vivants assez réactogènes, tels que le vaccin contre la fièvre jaune.
Lorsqu’un traitement immunosuppresseur est en cours, l’élément déterminant du choix est la capacité du malade à répondre au vaccin de façon suffisante. Il peut être judicieux de faire un contrôle sérologique après immunisation pour vérifier le niveau de protection obtenu. Lorsque l’immunosuppression est importante, il faut évidemment différer l’utilisation de vaccins vivants (fièvre jaune, BCG).
En conclusion, on peut considérer que l’équation risque-bénéfice est le plus souvent en faveur de la vaccination chez les patients atteints de maladies auto-immunes et qu’il n’est pas justifié d’adopter systématiquement une attitude trop passive.