Sentant quelques gargouillis lui chatouiller l’intérieur, Louis le Premier Grand devant l’Éternelle Merveille : sa femme, à la couronne agitée, pressa son cocher de trouver la fameuse auberge « A la bonne transhumeur »…
La réputation de l’auberge dépassait monts et vallons ! Pas un jour sans qu’un morceau de lard ou de rognon ait ses louanges vantées au-delà des près ! Les bûcherons avoisinants en rotaient d’envies, mais leurs bourses molles n’avaient accès qu’à ses odeurs enivrantes !
Aidée de quelques valets, dame Merveille eut le séant posé sur des fauteuils avenants ! La carte des mets lui fut apportée, déjà elle salivait allégrement ! Le roi son époux faisait un brin de toilette, des domestiques livraient les baquets d’eau dans la bonne humeur ! C’est clair que ça transpirait aux fourneaux, et à tout ce qui pouvait donner plaisir et bonheur au sieur visiteur ! Gibiers, poissons, volailles… inondaient les tables !
Festoyons, festoyons chantaient les notables ouvrant large leurs bourses débordantes, elles aussi grosses de charmes ! L’opulence était reine dans cette auberge et personne n’arrivait à percer le secret de ses plats divins ! « Secret de cuisinier », disait le patron de l’auberge, aussi gros qu’un éléphanteau ! Ventre dodu ne pouvait mentir et chaque client repartait repu, la panse bien remplie à la répartie sortant autant du haut que du bas !
Le roi voulut que le cuisinier vienne à son palais mais celui-ci refusa et finit dans les geôles du gourmand qui préféra le savoir à sa merci, se considérant le seul à mériter ses talents ! Le pauvre cuisinier bien amaigri, tout chagriné, ne savait plus rien mouliner ! Mais un homme si gentil avait une bonne fée dans sa manche qui le fit filer par le trou d’une souris alors il lui jura qu’il ne toucherait plus de sa vie à ni cuillère ni saucière ! « Fini de transpirer de la bonne humeur dans une cuisine ? Que nenni, lui dit la belle, dans mon royaume tu pourras cuisiner pour qui tu voudras mais s’il te plaît pas trop de gras ! »…