Francine met dans l’âtre quelques bûches de bois… Mathieu avant de partir aux cieux, avait coupé les derniers arbres du verger que papy René lui avait donné il y a quelques années…
Le chauffage trop coûteux gonfle ses factures… De nombreux commerces ont fermé ainsi que l’école dans le village qui se vide de ses habitants… Le marché lui aussi s’est vidé de ses étales, elle arrive encore à y vendre quelques légumes…
Heureusement cette année, le bus scolaire est gratuit et la cantine pas trop chère… Chaque sous est compté ! La cave regorge de pomme de terre et il reste encore les conserves qu’elle a faites les années d’avant ! D’avant cette chienlit qui est tombée sur le pays… Elle fait des ménages depuis que Mathieu perdit son travail, l’unique usine des environs s’est exportée dans des pays où les salaires si maigres permettent des profits si gros…
Dans cette vie austère brille un soleil ardent de dix ans : Daniel !…
Tenir tenir est le mot qui revient sans cesse, mais ce n’est point un refrain enchanté !
La tristesse de la maman n’a pas échappé à l’enfant qui l’a vu la tête coincée entre ses mains au dessus d’une pile de lettres… dans son bureau…
Francine ne va plus travailler, Daniel lui aussi est confiné… Les lettres ne s’accumulent plus, le facteur lui aussi est confiné ! Mais les dettes restent bien réelles et le regard de Francine s’assombrit…
Un jour Daniel demande à sa maman pourquoi elle est si triste ! Elle lui dit de ne pas s’inquiéter que ce sont des affaires de grands qui vont s’arranger…
Francine se dit qu’on peut se passer de chauffage de lumière mais d’eau ? En venir à la lampe à pétrole c’est quand même insupportable…
Mais comme disent les ventres pleins sous les éclairages de leurs diverses lampes et abat-jour, le plus important c’est d’avoir la santé ! C’est d’ailleurs pour ça, qu’elle a gardé sa mutuelle qui lui coûte les yeux de la tête !
Un jour, Daniel ramasse une lettre qui est tombée de son tablier alors qu’elle fait son pain !
« C’est quoi maman une facture d’eau ? Elle lui explique…
« Mais à qui appartient l’eau ? Et les animaux ? La terre s’achète ? »
Il la presse de question… Comment lui répondre ?
Oui qui s’est approprié la planète ? Au nom de quelle légitimité ? Elle lui dirait bien que la propriété c’est le vol… Mais elle a l’esprit occupé à savoir ce qu’elle va bien pouvoir vendre pour régler sa facture d’eau !
Vous savez ce bien commun volé à tous les terriens, ben oui t’es rien !