Victoryne Moqkeuz, mon anagramme

Caroline Bordczyk, mon pseudo d'auteure

25 novembre 2013

LA NATURE DU COEUR

Classé dans : certains de mes écrits 2015,Hi ronde d'ailes — eructeuse @ 8 h 22 min

La nature du cœur

Dites docteur pourquoi dame nature nous a mis un cœur ?

A la place elle aurait du mettre un sac à provisions, pour la liste de ses visions, trois enfants un chien et ses soirées entre-copains, ses chèques sans provision, pour la liste de ses rêves sous conditions, la liste des travaux à faire de lui un homme beau, prêt pour ses méfaits, ses forfaits avec compromissions, pour la liste de son avenir à sens unique, de sa fiction de l’amour éternel, à savoir sa vision personnelle.

Dites docteur pourquoi dame nature nous a mis un cœur qui craint ni la douleur de l’enfantement ni le froid ni le chaud de la vie mais ne résiste pas à la torture d’un bourreau de pacotille ?

 Le docteur n’étend pas, il rêve derrière le canapé de son ennui, à sa maîtresse, une belle plante de vingt ans sa cadette, croisée à sa salle de gym, trois mois déjà qu’il fantasme sur ses atouts bombés, alors madame machin et ses angoisses de la quarantaine…

Et la femme de famille, la mère au cœur brisé repense à ce docteur, il y a 15 ans qui lui expliqua qu’on ne dit pas aux femmes la douleur de l’accouchement sinon les femmes ne voudraient pas d’enfants, ainsi on ne ment pas aux femmes, juste qu’on omet de dire quelques vérités pour que les femmes acceptent leur réalité : être au service de l’homme et de sa procréation, ce que dame nature a voulu !

 Les femmes ne sont pas abusées, elles sont simplement manipulées, réduites à la condition d’imbéciles heureuses rêvant de curer les chiottes du prince charmant, en contre-partie d’un toit, abri bourgeois où elles pourront torcher la prunelle de leurs yeux en chantant qu’elles renieraient pays et religion pour leur bel amant, miroir aux alouettes, où les belles narcissiques pourront se mirer le temps que leurs seins tiennent, ah les saintes maternelles… La belle transmission narcissique des aliénations se fait de mère en fille comme pour la brillante tradition de l’excision…

 Dites moi docteur pourquoi dame nature nous a mis un cœur ?

Ah madame Bro…, on va en rester là, on reprend rendez-vous, vous pouvez jeudi à 17 h, oui docteur, et madame Bro… sort ses 150 euros de son petit porte-feuille quitte le cabinet de son docteur, sert la main tendue, le docteur ferme la porte avec un sourire aseptisé, il est déjà parti dans le fantasme d’un registre plus réjouissant …

 Dans le cabas de la femme, plus de listes de commissions, juste un porte-monnaie allégé de quelques soumissions. Elle plie sous son aile son cœur en morceau, crie sa douleur, des larmes roulent silencieuses, brûlantes de fièvre, un jour il dira plus que sa peine peut-être sa haine puis il s’adoucira, reprendra place avec les cicatrices de sa vie…

Dame nature a mis un cœur aux êtres pour la vie…

Ce qui relève de la supercherie vient des hommes, nul n’est à l’abri de rencontrer le mensonge, le vice, mais le cœur des êtres est si grand si grand que s’il est capable d’abriter toutes les folies toutes les trahisons toutes les passions, il a même de la place pour le pardon… 

18 novembre 2013

Mon père m’a dit Antoine va t’faire sucer la bite !

bourses

Il est né le divin révolutionnaire

Il est né il révolutionne

il se lève il se lave il se rase il révolutionne

il part il court il vole il révolutionne

il tire il s’agite il bouffonne il révolutionne

il écrit il lit il invente il chante il révolutionne

il fait le monde il défait le monde il révolutionne

chaque jet chaque cri chaque pet il révolutionne

mais si femelle s’époumone qu’elle veut droits  lois il bâillonne

car entre femme et homme il y a Phallus il dicte sa condition physique sa place symbolique sa soumission éternelle car par bible il affirme qu’il n’y a pas de place pour elle à la droite du père du fils et du saint esprit.

La seule révolution qu’il permet c’est de faire le tour de son totem à l’oeil ou à l’oseille. Il sait au fond de lui le danger de sa libération.

Entre son érection et la liberté de la femme, il a choisi, il n’a pas encore compris, tant le sang comprime son cerveau, que la liberté ne se conquière pas dans la négation de l’autre. Mais on n’est pas dans le monde animal pour rien, il paie du sexe car l’autre n’est pour lui qu’un animal à sa disposition, un vide sperme, un garage à bite, tant qu’on y est un vide ordure !

La liberté de la femme c’est la perte de son territoire, la mort de son droit de propriétaire à disposer du corps de l’autre, territoire acquis conquis avec guerre et fierté, le viol de la femme de l’ennemi est la signature de sa victoire, le tien de viol est inscrit dans ta genèse : la femme reste le diable.

Alors le révolutionnaire bouffonne pour que perdure la prostitution, il claironne cheveux aux vents le droit d’acheter sa viande quotidienne, ah le bo ah le bobo roi bovin co-pine avec son élite belle pensante…

Au paradis de l’enfer, sera béni le révolutionnaire à l’eau de bite, pas sûr que le feu s’éteigne…

16 novembre 2013

L’apolitique

Classé dans : certains de mes écrits 2013 — eructeuse @ 9 h 50 min

L’apolitisme est un métier 

 L’apolitique  aime son métier

il rabote les idées

il radote des heures

il assaisonne sa polémique

il touille ses pistes et ses pics

pour ses salades apolitiques.

Du haut de sa foi, il donne ses leçons de loi, sans parti pris, défendant bête et ongles la divine neutralité d’une conscience bien portante, forte de sa majorité silencieuse!

l’apolitisme c’est son choix appris très tôt sur le dos de son antipathique indifférence.

L’apolitisme est à la citoyenneté ce que la virginité est à l’honneur…

Une erreur de valeur.

 

L’IDIOTE DU VILLAGE

Classé dans : certains de mes écrits 2013,Hi ronde d'ailes — eructeuse @ 6 h 09 min

 

L’idiote du village

 

Elle lavait le linge de tout le monde comme personne…

Ramassait à la peine les feuilles d’automne.

Elle faisait partie du décor, corps à corps déchiré jusqu’en son nom oublié..

Les gamins la moquaient.

Les anciens la respectaient.

C’est que lors d’une période trouble, la belle dame prit faits et armes pour la liberté, fut dénoncée et torturée mais ne pipa ni mot ni nom des compagnons de route, jusqu’à en oublier le sien.

La calomnie s’habille de toutes les couleurs de la vie mais porte bien son manteau de trahison…

Elle oublia jusqu’au nom de son bourreau, pas celui qui lui massacra ventre et dos, elle ne le connaissait pas, mais celui de la bête qui la livra à ses semblables nazis…

Quelques uns lui firent même payer de s’en être échappée, les loups ne quittèrent jamais sa terre…

Elle survécut…vécut…mourut.

L’idiote du village partit comme elle avait vécu avec dignité.

On trouva dans la poche de son tablier, un tout petit bout de papier griffonné presqu’effacé. Des bruits circulaient que c’était la missive d’un doux amant qu’elle garda là comme son unique trésor…Mais les bruits circulèrent si fort qu’on trouva un homme fouillant sa demeure en hyène répugnante. Quelques fidèles dignitaires tapis dans l’ombre le virent déconfit dans ce face à face silencieux. La bête s’effondra, creva comme elle avait vécu la peur au ventre, la haine dans les yeux.

Tous les anciens rendirent hommage à leur sœur de village de cœur de valeur et gravèrent sur sa stèle tout le respect dû à son engagement ! Un absent fut remarqué, le dernier des monstres avait payé, aucun royaume aucun paradis ne l’attendait. Il fut son propre bourreau…Son propre enfer.

Les anciens reprirent leurs occupations, les gamins jouaient et criaient, le vent soufflait dans la plaine, on aurait dit qu’il murmurait une confidence… la plaine est vide…

15 novembre 2013

L’école de la poésie Léo Ferré

Classé dans : Art, vie et avis — eructeuse @ 7 h 06 min

Léo Ferré - L’école de la poésie

La poésie contemporaine ne chante plus. Elle rampe. Elle a cependant le privilège de la distinction, elle ne fréquente pas les mots mal famés, elle les ignore. Cela arrange bien des esthètes que François Villon ait été un voyou. On ne prend les mots qu’avec des gants: à « menstruel » on préfère « périodique », et l’on va répétant qu’il est des termes médicaux qui ne doivent pas sortir des laboratoires ou du codex. Le snobisme scolaire qui consiste à n’employer en poésie que certains mots déterminés, à la priver de certains autres, qu’ils soient techniques, médicaux, populaires ou argotiques, me fait penser au prestige du rince-doigts et du baise-main. Ce n’est pas le rince-doigts qui fait les mains propres ni le baise-main qui fait la tendresse. Ce n’est pas le mot qui fait la poésie, c’est la poésie qui illustre le mot.

L’alexandrin est un moule à pieds. On n’admet pas qu’il soit mal chaussé, traînant dans la rue des semelles ajourées de musique. La poésie contemporaine qui fait de la prose en le sachant, brandit le spectre de l’alexandrin comme une forme pressurée et intouchable. Les écrivains qui ont recours à leurs doigts pour savoir s’ils ont leur compte de pieds ne sont pas des poètes: ce sont des dactylographes. Le vers est musique; le vers sans musique est littérature. Le poème en prose c’est de la prose poétique. Le vers libre n’est plus le vers puisque le propre du vers est de n’être point libre. La syntaxe du vers est une syntaxe harmonique – toutes licences comprises. Il n’y a point de fautes d’harmonie en art; il n’y a que des fautes de goût. L’harmonie peut s’apprendre à l’école. Le goût est le sourire de l’âme; il y a des âmes qui ont un vilain rictus, c’est ce qui fait le mauvais goût. Le Concerto de Bela Bartok vaut celui de Beethoven. Qu’importe si l’alexandrin de Bartok a les pieds mal chaussés, puisqu’il nous traîne dans les étoiles! La Lumière d’où qu’elle vienne EST la Lumière…

En France, la poésie est concentrationnaire. Elle n’a d’yeux que pour les fleurs; le contexte d’humus et de fermentation qui fait la vie n’est pas dans le texte. On a rogné les ailes à l’albatros en lui laissant juste ce qu’il faut de moignons pour s’ébattre dans la basse-cour littéraire. Le poète est devenu son propre réducteur d’ailes, il s’habille en confection avec du kapok dans le style et de la fibranne dans l’idée, il habite le palier au-dessus du reportage hebdomadaire. Il n’y a plus rien à attendre du poète muselé, accroupi et content dans notre monde, il n’y a plus rien à espérer de l’homme parqué, fiché et souriant à l’aventure du vedettariat.
Le poète d’aujourd’hui doit être d’une caste, d’un parti ou du Tout-Paris.
Le poète qui ne se soumet pas est un homme mutilé. Enfin, pour être poète, je veux dire reconnu, il faut « aller à la ligne ». Le poète n’a plus rien à dire, il s’est lui-même sabordé depuis qu’il a soumis le vers français aux diktats de l’hermétisme et de l’écriture dite « automatique ». L’écriture automatique ne donne pas le talent. Le poète automatique est devenu un cruciverbiste dont le chemin de croix est un damier avec des chicanes et des clôtures: le five o’clock de l’abstraction collective.

La poésie est une clameur, elle doit être entendue comme la musique. Toute poésie destinée à n’être que lue et enfermée dans sa typographie n’est pas finie; elle ne prend son sexe qu’avec la corde vocale tout comme le violon prend le sien avec l’archet qui le touche. Il faut que l’oeil écoute le chant de l’imprimerie, il faut qu’il en soit de la poésie lue comme de la lecture des sous-titres sur une bande filmée: le vers écrit ne doit être que la version originale d’une photographie, d’un tableau, d’une sculpture.
Dès que le vers est libre, l’oeil est égaré, il ne lit plus qu’à plat; le relief est absent comme est absente la musique. « Enfin Malherbe vint… » et Boileau avec lui… et toutes les écoles, et toutes les communautés, et tous les phalanstères de l’imbécillité! L’embrigadement est un signe des temps, de notre temps. Les hommes qui pensent en rond ont les idées courbes. Les sociétés littéraires sont encore la Société. La pensée mise en commun est une pensée commune. Du jour où l’abstraction, voire l’arbitraire, a remplacé la sensibilité, de ce jour-là date, non pas la décadence qui est encore de l’amour, mais la faillite de l’Art. Les poètes, exsangues, n’ont plus que du papier chiffon, les musiciens que des portées vides ou dodécaphoniques – ce qui revient au même, les peintres du fusain à bille. L’art abstrait est une ordure magique où viennent picorer les amateurs de salons louches qui ne reconnaîtront jamais Van Gogh dans la rue… Car enfin, le divin Mozart n’est divin qu’en ce bicentenaire!
Mozart est mort seul, accompagné à la fosse commune par un chien et des fantômes. Qu’importe! Aujourd’hui le catalogue Koechel est devenu le Bottin de tout musicologue qui a fait au moins une fois le voyage à Salzbourg! L’art est anonyme et n’aspire qu’à se dépouiller de ses contacts charnels. L’art n’est pas un bureau d’anthropométrie. Les tables des matières ne s’embarrassent jamais de fiches signalétiques… On sait que Renoir avait les doigts crochus de rhumatismes, que Beethoven était sourd, que Ravel avait une tumeur qui lui suça d’un coup toute sa musique, qu’il fallut quêter pour enterrer Bela Bartok, on sait que Rutebeuf avait faim, que Villon volait pour manger, que Baudelaire eut de lancinants soucis de blanchisseuse: cela ne représente rien qui ne soit qu’anecdotique. La lumière ne se fait que sur les tombes.

Avec nos avions qui dament le pion au soleil, avec nos magnétophones qui se souviennent de « ces voix qui se sont tues », avec nos âmes en rade au milieu des rues, nous sommes au bord du vide, ficelés dans nos paquets de viande, à regarder passer les révolutions. Le seul droit qui reste à la poésie est de faire parler les pierres, frémir les drapeaux malades, s’accoupler les pensées secrètes.

Nous vivons une époque épique qui a commencé avec la machine à vapeur et qui se termine par la désintégration de l’atome. L’énergie enfermée dans la formule relativiste nous donnera demain la salle de bains portative et une monnaie à piles qui reléguera l’or dans la mémoire des westerns… La poésie devra-t-elle s’alimenter aux accumulateurs nucléaires et mettre l’âme humaine et son désarroi dans un herbier?
Nous vivons une époque épique et nous n’avons plus rien d’épique. A New York le dentifrice chlorophylle fait un pâté de néon dans la forêt des gratte-ciel. On vend la musique comme on vend le savon à barbe. Le progrès, c’est la culture en pilules. Pour que le désespoir même se vende, il ne reste qu’à en trouver la formule. Tout est prêt: les capitaux, la publicité, la clientèle. Qui donc inventera le désespoir?
Dans notre siècle il faut être médiocre, c’est la seule chance qu’on ait de ne point gêner autrui. L’artiste est à descendre, sans délai, comme un oiseau perdu le premier jour de la chasse. Il n’y a plus de chasse gardée, tous les jours sont bons. Aucune complaisance, la société se défend. Il faut s’appeler Claudel ou Jean de Létraz, il faut être incompréhensible ou vulgaire, lyrique ou populaire, il n’y a pas de milieu, il n’y a que des variantes. Dès qu’une idée saine voit le jour, elle est aussitôt happée et mise en compote, et son auteur est traité d’anarchiste.

Divine Anarchie, adorable Anarchie, tu n’es pas un système, un parti, une référence, mais un état d’âme. Tu es la seule invention de l’homme, et sa solitude, et ce qui lui reste de liberté. Tu es l’avoine du poète.
A vos plumes poètes, la poésie crie au secours, le mot Anarchie est inscrit sur le front de ses anges noirs; ne leur coupez pas les ailes! La violence est l’apanage du muscle, les oiseaux dans leurs cris de détresse empruntent à la violence musicale. Les plus beaux chants sont des chants de revendication. Le vers doit faire l’amour dans la tête des populations. A l’école de la poésie, on n’apprend pas: on se bat.
Place à la poésie, hommes traqués! Mettez des tapis sous ses pas meurtris, accordez vos cordes cassées à son diapason lunaire, donnez-lui un bol de riz, un verre d’eau, un sourire, ouvrez les portes sur ce no man’s land où les chiens n’ont plus de muselière, les chevaux de licol, ni les hommes de salaires.
N’oubliez jamais que le rire n’est pas le propre de l’homme, mais qu’il est le propre de la Société. L’homme seul ne rit pas; il lui arrive quelquefois de pleurer.
N’oubliez jamais que ce qu’il y a d’encombrant dans la morale, c’est que c’est toujours la morale des autres.
Je voudrais que ces quelques vers constituent un manifeste du désespoir, je voudrais que ces quelques vers constituent pour les hommes libres qui demeurent mes frères un manifeste de l’espoir.

13 novembre 2013

Tout d’un coup d’un seul, boum, je crée un nouveau blog

Classé dans : Chut ! — eructeuse @ 13 h 20 min

halloween-sorciere-36comme ça? le pétaradage total du matin, bing, sans mal de tête, bang, la fusion fusionnant totalement, je ponds de derrière ma cabane de Bougresse, ma nouvelle allégresse, un blog, intitulé Vilaine Ahlaine, autorisé pour les plus de 17 ans car j’y ai fortement mauvaise haleine..

Ah la vilaine !

Je vous mets un lien et que l’humour soit avec nous !

12 novembre 2013

Pétaradante au réveil !

 

Je prétends

je m’étends 

je tends et sous-tends 

que je suis une prétentieuse, cieuse, licieuse, lissement chieuse,

une pédante prétendante chiante et molestante ! Pan !

Le réveil est sévère !

 

 

Ciel comment ? Je suis tombée dans la facilité !

Classé dans : Art, vie et avis — eructeuse @ 10 h 52 min

 

 

Ciel comment ? Je suis tombée dans la facilité ! dans Art, vie et avis einsteinBOUM,  oui, j’ai osé une citation, mais je n’ai pu résister, ma chaire est faible, mon cerveau mou, un peu de pitié, à cet humour qui démènage et balaie l’ordre et les conventions…

10 novembre 2013

Comme j’ai aimé ce poème en quatrième, l’école de la découverte, ouverte…et que j’aime toujours !

Classé dans : Art, vie et avis — eructeuse @ 7 h 52 min
Il est terrible
le petit bruit de l’œuf dur cassé sur un comptoir d’étain
il est terrible ce bruit
quand il remue dans la mémoire de l’homme qui a faim
elle est terrible aussi la tête de l’homme
la tête de l’homme qui a faim
quand il se regarde à six heures du matin
dans la glace du grand magasin
une tête couleur de poussière
ce n’est pas sa tête pourtant qu’il regarde
dans la vitrine de chez Potin
il s’en fout de sa tête l’homme
il n’y pense pas
il songe
il imagine une autre tête
une tête de veau par exemple
avec une sauce de vinaigre
ou une tête de n’importe quoi qui se mange
et il remue doucement la mâchoire
doucement
et il grince des dents doucement
car le monde se paye sa tête
et il ne peut rien contre ce monde
et il compte sur ses doigts un deux trois
un deux trois
cela fait trois jours qu’il n’a pas mangé
et il a beau se répéter depuis trois jours
Ça ne peut pas durer
ça dure
trois jours
trois nuits
sans manger
et derrière ces vitres
ces pâtés ces bouteilles ces conserves
poissons morts protégés par les boîtes
boîtes protégées par les vitres
vitres protégées par les flics
flics protégées par la crainte
que de barricades pour six malheureuses sardines…
Un peu plus loin le bistrot
café-crème et croissants chauds
l’homme titube
et dans l’intérieur de sa tête
un brouillard de mots
un brouillard de mots
sardines à manger
œuf dur café-crème
café arrosé rhum
café-crème
café-crème
café-crime arrosé sang !…
Un homme très estimé dans son quartier
a été égorgé en plein jour
l’assassin le vagabond lui a volé
deux francs
soit un café arrosé
zéro franc soixante-dix
deux tartines beurrées
et vingt-cinq centimes pour le pourboire du garçon.
Il est terrible
le petit bruit de l’œuf dur cassé sur un comptoir d’étain
il est terrible ce bruit
quand il remue dans la mémoire de l’homme qui a faim.
Jacques Prévert, Paroles, « La grasse matinée ».

BREL CHANTAIT LES BOURGEOIS …

Classé dans : Mais qu'est-ce qu'elle bafouille encore cette baveuse ! — eructeuse @ 7 h 19 min

c’est comme les cochons plus ça devient vieux plus ça devient con, ce qui est sûr c’est que le cochon se reconnait à sa belle robe rose mais le con à quoi le reconnait-on? 

Je n’ai jamais lu monsieur machin Houellebecq, mais vu comment il ouvre son bec sur la poésie de Prévert, je vais encore retarder un peu ce moment.

Je ne manquerai pas malgré tout de le lire …on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même, prévoir juste une protection solaire des fois que la lumière de la prose de cet écrivain brûle mes yeux de fille du peuple…BREL CHANTAIT LES BOURGEOIS ... dans Mais qu'est-ce qu'elle bafouille encore cette baveuse ! lunettes2-150x150

« Pourquoi la poésie de Jacques Prévert est-elle si médiocre, à tel point qu’on éprouve parfois une sorte de honte à la lire? L’explication classique (parce que son écriture « manque de rigueur ») est tout à fait fausse; à travers ses jeux de mots, son rythme léger et limpide, Prévert exprime en réalité parfaitement sa conception du monde. La forme est cohérente avec le fond, ce qui est bien le maximum qu’on puisse exiger d’une forme. D’ailleurs quand un poète s’immerge à ce point dans la vie, dans la vie réelle de son époque, ce serait lui faire injure que de la juger suivant des critères purement stylistiques. Si Prévert écrit, c’est qu’il a quelque chose à dire; c’est tout à son honneur. Malheureusement, ce qu’il a à dire est d’une stupidité sans bornes; on en a parfois la nausée. Il y a de jolies filles nues, des bourgeois qui saignent comme des cochons quand on les égorge. Les enfants sont d’une immoralité sympathique, les voyous sont séduisants et virils, les jolies filles nues donnent leurs corps aux voyous; les bourgeois sont vieux, obèses, impuissants, décorés de la Légion d’honneur et leurs femmes sont frigides; les curés sont de répugnantes vieilles chenilles qui ont inventé le péché pour nous empêcher de vivre. On connaît tout cela; on peut préférer Baudelaire. L’intelligence n’aide en rien à écrire de bons poèmes; elle peut cependant éviter d’en écrire de mauvais. Si Jacques Prévert est un mauvais poète, c’est avant tout parce que sa vision du monde est plate, superficielle et fausse. Elle était déjà fausse de son temps; aujourd’hui sa nullité apparaît avec éclat, à tel point que l’oeuvre entière semble le développement d’un gigantesque cliché.

MICHEL HOUELLEBECQ, « Jacques Prévert est un con ».

On est toujours plus ou moins con et on est toujours le con de quelqu’un? j’ai d’ailleurs fait un texte la dessus  qu’on peut trouver dans mes écrits de 2013. Mais loin de moi, l’idée de contre-dire monsieur Brel…Quant à cette diatribe de Michel Houellebec, je vais dire que quand il l’ouvre son bec, ça pue sec et ce n’est que mon avis de conne sur un avis de con et vivent les cons !

Un petit copié-collé pris sur Wikipédia :

Prévert fait éclater le caractère conventionnel du discours par le jeu des mots. Sa poésie est constamment faite de jeux sur le langage (calembours, inventions burlesquesnéologismeslapsus volontaires…) dont le poète tire des effets comiques inattendus (un humour parfois noir), des significations doubles ou encore des images insolites.

Ses poèmes fourmillent de jeux de sons, de combinaisons pour l’oreille (allitérationsrimes et rythmes variés) qui paraissent faciles, mais dont Prévert fait un usage savant. Enfin, il ne faut pas négliger, comme l’a fait remarquer Danièle Gasiglia-Laster dans son introduction aux Œuvres Complètes de Prévert dans la Bibliothèque de la Pléiade, les apports du surréalisme dont on retrouve les traces : inventaires, énumérations hétéroclites d’objets et d’individus, additions de substantifs ou d’adjectifs, etc. Il est friand des procédés de l’image, de la métaphore et de la personnification (animal, objet, humain).

Prévert s’en prend aux stéréotypes du langage, à tout ce qui est figé, imposé : « Les expressions stéréotypées, les citations célèbres, les proverbes, permettent toutes les mystifications possibles. Quand certains êtres en oppriment d’autres, ils tentent en effet de leur faire croire que ce qui se dit ou s’écrit reflète l’ordre naturel des choses : « A tout seigneur tout honneur », « Qui aime bien châtie bien », etc. Aussi Prévert va-t-il détourner de leur sens ces « messages du mensonge », les subvertir au profit de ceux qu’ils desservaient : « Cent fois sur le métier remettez votre ouvrage à demain, si on ne vous paie pas le salaire d’aujourd’hui » […], ou bien inventera à son tour des aphorismes qui insinueront d’autres rapports de force et surtout une autre conception de la société : « Quand les éboueurs font grève, les orduriers sont indignés » […]. Quand il utilise des clichés, non pas pour les mettre dans la bouche de personnages sans consistance, mais pour son propre compte, il leur fait subir une cure de jouvence, le plus souvent en les prenant à leur premier degré de signification. Ainsi, le monde de « Lanterne magique de Picasso » est-il « beau comme tout », comme la totalité de l’univers et de ses parcelles. Bousculer les automatismes se révèle en définitive vital, car à trop se contenter d’utiliser le langage tel qu’il nous est donné, avec les mêmes immuables associations, on risque de pétrifier les êtres et les choses.» explique Danièle Gasiglia-Laster (Introduction au tome 1 des Œuvres complètes de Prévert, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard).

« Jacques Prévert est très attaché à la langue. Il est un gourmet des mots qui éprouve un vrai plaisir en jouant avec eux. Et cette jouissance du verbe, il la communique à ses lecteurs. Dès que les mots jaillissent, il les attrape et s’amuse : il les associe, les oppose, les détourne, les fait sonner les uns avec les autres, joue avec leurs différents sens… Il part de mots simples, « des mots de tous les jours » comme les nomme Garance/Arletty dans Les Enfants du paradis (Marcel Carné, 1945). Et, grâce à un travail d’orfèvre, il leur donne une force et une vivacité teintées d’humour – parfois noir et féroce – qui constituent sa patte. L’humour est capital. N’oublions pas que Prévert a été élevé à la distinction de Satrape du Collège de Pataphysique en qualité de fabricant de Petits Plats dans les Grands pour la définition qu’il en avait donnée dans La Nef (01/1951) :  » Depuis trop longtemps on prenait l’humour à la légère, il s’agit maintenant de le prendre à la lourde «  » écrit Carole Aurouet dans Jacques Prévert Paris la belle. Catalogue d’exposition.

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